S’il y avait une experte en improvisation théâtrale à faire venir, c’était bien Valentine Nogalo !
En effet, après un coup de foudre avec l’impro à l’adolescence, Valentine a poursuivi dans cette voie se produisant sur les scènes parisiennes et montréalaises. Entre deux représentations, elle écrit un mémoire universitaire sur les apports de la pratique de l’improvisation et coordonne Le Trophée d’Impro Culture & Diversité parrainé par Jamel Debbouze.
C’était donc une évidence de faire appel à elle pour partager son experience et son expertisee durant 3 jours de stage portés sur l’improvisation théâtrale.
Un programme prometteur dès son annonce, puisque Valentine nous proposait de venir dompter le vide par le lâcher-prise et la confiance. Six stagiaires se sont prêté au jeu, certains complètement novices, d’autres déjà comédiens professionnels, mais tous ayant un objectif commun : celui de se jeter dans le vide et d’affronter un plateau sans savoir ce qu’il s’y passera.
« Improviser, c’est un peu comme sauter en parachute, » prévient Valentine, « sur le plateau, c’est le vide. Notre parachute, c’est la bienveillance que l’on aura tous les uns envers les autres. »
Le ton est donné et voilà les participants rassurés, certains d’être en sécurité. Pour instaurer cette bienveillance entre tous, créer du lien est primordial. Si les débutants se sont d’abord sentis impressionnés par les pros, les barrières tombent dès les premiers exercices, où plutôt que la performance, tout le monde choisi le chemin décomplexé de l’amusement. Très vite, la complicité s’installe, en partageant anecdotes insolites et rêves farfelus.
Le premier jour, est consacré principalement à dérouiller les cerveaux de leurs habitudes. On construit avec l’écoute, en s’appuyant sur les éléments de base de la plateforme : qui, quoi, quand, où?
« L’improvisation est une vraie leçon de vie. Pour avancer, on est obligé de coopérer et de penser positivement. On laisse venir une idée et on l’embrasse sans jugement, en faisant confiance qu’elle nous emmènera dans un endroit sympa. C’est un exercice libérateur. Ça devrait être obligatoire et remboursé par la sécurité sociale ! » constate Emilia, directrice artistique de la compagnie, venue participer au stage.
Elle n’est d’ailleurs pas la seule de l’équipe pédagogique à participer. Benjamin et Gaëtan, respectivement directeur musical et coach en interprétation, viennent également se challenger. « On a tous nos spécialités, mais l’impro, c’est vraiment une discipline spéciale, » confie Gaëtan, « j’aimerais réussir à aimer me tromper ou à accepter de faire bof, sans me dire que c’est raté, sans juger. »
Malgré les différences d’expérience, l’alchimie opère entre les participants. On explore à deux, à trois, et même parfois à six, autour de différents ressorts de narration, qui permettent ainsi de prendre conscience de ce qui fonctionne ou non. Car comme le dit si bien Valentine, improviser, c’est comme un muscle, ça se travaille.
Elle partage ainsi tout un tas d’astuces très concrètes qu’elle a pu glaner au fil de ses expériences : trouver le mantra de son personnage pour tenir sa ligne directrice, garder ses promesses, verbaliser pour clarifier une situation, créer des inversions de statuts, se rappeler que les objets collent aux doigts…!
Mafieux italiens, chirurgiens incapables, maman beauf irresponsable, conférencier ultra-timide, cousinade de moins de 8 ans, facteur heureux, experts, agents secrets, comédiens ratés, serveurs désobligeants… un florilège de personnages et de situations rocambolesques défilent sur le plateau.
D’un jour à l’autre, les progrès de tous sont fulgurants. La bienveillance incite à prendre des risques et à sortir de sa zone de confort. En fin de journée, tout le monde sort fatigué mais heureux, à la fois vidé et boosté par tant d’énergie et de créativité. Tous voient comment emporter certains concepts dans leur milieu professionnel, même lorsqu’il n’a rien à voir avec le spectacle vivant !
« C’était vraiment un super week-end ! » témoigne Nicolas, venu pour trouver plus d’aisance à l’oral, « depuis je me suis rendu compte qu’on fait de l’impro tous les jours ! »
Une belle expérience donc, à renouveler sans modération. Notre petit doigt nous dit déjà que Valentine reviendra…!