Quelle place voulons-nous pour l’art et la culture dans notre société ?

Depuis sa création, notre compagnie se produit sur scène, mais intervient aussi en milieu scolaire, en entreprise, et dans divers évènements. Et au fil des ans, nous n’avons pu que contempler la drôle de place que la culture et le monde artistique semble prendre dans l’esprit des gens.

Étrange dualité, en effet, que celle rencontrée par les arts et la culture : tantôt méprisés ou quasi-inexistants dans le milieu scolaire, perçus comme farfelus dans le monde de l’entreprise, et soudain, preuve ou gage d’un certain élitisme lorsqu’il est maîtrisé ou un peu plus familier. Souvent assimilé à l’oisiveté et à la paresse, ou bien au soi-disant génie de quelques chanceux, l’art semble finalement faire peur au commun des mortels… Pourquoi ? L’artiste qui perce est souvent reconnu.e pour son talent, comme s’il ne s’agissait alors que de ça. Comme un déni de la notion de travail.

Il se crée alors un fossé étrange, comme si un nuage mystique s’élevait, installant des croyances dans les esprits de chacun. Le monde de l’art et de la culture devient un monde perçu comme déconnecté du réel. Un monde impalpable, inatteignable, auquel on appartient ou n’appartient pas.

Étrange réaction que celle de l’adulte invité.e à explorer sa créativité. Soudain face à sa vulnérabilité, les peurs qui surgissent sont diverses et variées : celle d’être moqué.e, de ne pas être à la hauteur, la peur de se confronter à ce qui pourrait sortir de soi, d’y être assimilé.e, mais par-dessus tout, présente à tous les coups : la peur de se tromper.

Il est d’ailleurs effrayant de constater qu’au fil des ans, cette peur semble gagner de plus en plus de terrain chez les enfants et de plus en plus jeunes.

Et pourtant. Comment puis-je me tromper, quand il n’y a pas de règle, si ce n’est celle d’être moi ? Ai-je été formaté.e à être constamment validé.e par l’autre ou par un concept pour être légitime ?

Si l’art fait peur, c’est finalement peut-être pour ça. Parce qu’il n’a pas de règles et qu’il n’obéit qu’à une vérité : celle propre à chacun.e d’entre nous, et qu’il nous oblige pour être juste, à sonder nos âmes pour savoir qui nous sommes.

Le monte de l’art et de la culture, déconnecté du réel ? Et si c’était le contraire ? S’il existe autant de réalités qu’il existe d’êtres humains, alors il n’y a pas plus réel que l’art, car il invite à puiser précisément dans ce qui est : le ressenti, l’émotion, les profondeurs de nos aspirations.

Travailler son art, ou l’explorer pour le découvrir, permet d’être plus proche de soi.

C’est pourquoi il nous semble indispensable, aujourd’hui, plus que jamais, de mettre la culture au cœur de la vie et de la société. Pour permettre et encourager l’expression de soi, être plus proche de nos aspirations profondes. Et par la même occasion, on pourra démystifier l’idée que l’on se fait du monde artistique et culturel, pour permettre aux vocations de naître et leur donner une chance de s’épanouir.

Les métiers de la culture sont très nombreux. Et si comme tous les métiers, ils possèdent leurs lots de difficultés, surtout en ces temps troublés, nombreux sont ceux qui parviennent à en vivre. Il existe toujours des moyens, et nous sommes tous légitimes. Le tout est de savoir ce qui est juste pour nous.

Avez-vous déjà vu un banquier ou un scientifique refoulé ?

Quelle place voulons-nous pour l’art et la culture dans notre société ?